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Stories

Histoires du PPI : Sage Seniors Association crée une entreprise d'économie sociale de services financiers pour contrer les réductions de financement

NICKIE SHOBEIRY  29 SEPTEMBRE 2020

Cet article fait partie de notre série consacrée au Programme de préparation à l’investissement, et vise à montrer comment le financement du PPI aide des organisations à vocation sociale à se préparer à l’investissement tout en continuant à produire un impact positif dans leur communauté.

Partout au Canada, les personnes âgées constituent le groupe démographique qui croît le plus rapidement. C’est le cas par exemple en Alberta, où on s’attend à ce que la population âgée de plus de 65 ans double au cours des deux prochaines décennies. Située à Edmonton, la Sage Seniors Association soutient et motive les personnes âgées depuis 1970, améliorant ainsi leur qualité de vie. Bénéficiaire du Programme de préparation à l’investissement (PPI), l’organisme sans but lucratif a reçu du financement pour se préparer à l’investissement.

Les activités de Sage comprennent d’abord un programme de services de santé offert par l’entremise d’une clinique de soins primaires, ainsi que des programmes de sensibilisation visant à aider les personnes âgées à trouver un logement abordable, à avoir accès aux prestations pour aînés et plus encore. L’autre volet de ses services est de nature récréative. Beth Mansell, responsable des initiatives stratégiques, explique :

« Nous offrons plus de 100 différents programmes d’amélioration de la qualité de vie, qui vont des cours de Zumba aux groupes de ukulélé, en passant par la danse en ligne. En raison de la COVID-19, nous sommes passés au mode virtuel pour la quasi-totalité de ces activités. » 

Sage offre plus de 100 différents programmes d’amélioration de la qualité de vie

Pour générer encore plus de retombées, Sage travaille avec de nombreux partenaires dans la communauté, comme la Multicultural Health Brokers Co-op, qui appuie les nouveaux arrivants et les immigrants âgés. La coopérative compte notamment un programme d’épicerie qui permet de fournir à ses clients des aliments adaptés à leur culture. « Au début de la pandémie, nous avons réussi à obtenir une petite subvention pour contribuer à la sécurité alimentaire, indique Beth. Nous nous sommes associés à [la coopérative] pour livrer de la nourriture à 180 personnes âgées chaque semaine. »

Avant les réductions du financement gouvernemental en janvier 2020, Sage soutenait aussi les personnes âgées par l’entremise du programme de tutelle et de curatelle. En effet, lorsqu’un adulte n’est plus apte à prendre ses propres décisions financières, cette procédure permet d’en transférer la responsabilité à des personnes de confiance. Pendant 30 ans, le programme a ainsi aidé des familles à faire les démarches administratives nécessaires pour obtenir une tutelle, sans avoir à embaucher des avocats qui peuvent facturer jusqu’à 2 000 $ pour ce service. « Une telle dépense représente un obstacle important pour les gens qui n’ont pas de surplus dans leurs finances », souligne Beth.

Or, pour Sage, la réduction du financement gouvernemental signifiait qu’il serait dorénavant impossible d’offrir ce service gratuitement. Beth mentionne que cela s’est produit « à peu près au même moment que l’annonce du PPI ». Sage a donc décidé de transformer son programme de tutelle et de curatelle en entreprise d’économie sociale, et d’offrir du soutien financier à l’interne d’après une formule dégressive de rémunération à l’acte. 

« Des membres très compétents de notre équipe, qui ne sont pas des avocats, peuvent aider les gens à remplir adéquatement les formulaires et à rassembler les différents documents requis », indique Beth. De cette façon, Sage continuera à améliorer le bien-être de sa communauté et à réduire les inégalités grâce à des services financiers abordables.

Sage obtient 70 000 $ pour se préparer à l’investissement

Pour faire croître son entreprise d’économie sociale, Sage a besoin d’investisseurs. Grâce au financement de 70 000 $ obtenu dans le cadre du PPI, l’organisme peut réaliser une étude de faisabilité et un plan d’affaires, ainsi que diverses analyses allant de l’étude de marché à la viabilité technique. Tous ces éléments sont requis pour prouver aux investisseurs que l’entreprise peut devenir profitable et générer des rendements. 

Bien que Sage ait déjà lancé des entreprises d’économie sociale par le passé, c’est la première fois qu’elle est en mesure de le faire en effectuant d’abord une planification en profondeur. « Habituellement, les OSBL et les organismes de bienfaisance ne disposent pas des fonds requis pour prendre le temps de faire ces choses, explique Beth. Or, en réalisant ces analyses de façon sérieuse, nous pouvons explorer l’idée d’établir des partenariats stratégiques, dans l’objectif de développer un programme qui sera financièrement durable et qui ne dépendra pas des subventions gouvernementales. L’étude de faisabilité et le plan d’affaires nous permettront de nous rendre à cette étape. » 

Sage a déjà commencé à travailler avec une personne de l’externe spécialisée en la matière.

« J’aime vraiment la façon dont le PPI a été configuré, car il nous permet d’utiliser nos ressources internes, à condition de trouver une façon de les remplacer dans leur rôle habituel, indique Beth. Ce faisant, nous pouvons travailler de façon plus créative avec la personne de l’externe, ce qui nous permet d’apprendre de ses processus. Ainsi, si nous devons explorer d’autres façons de générer des revenus dans l’avenir, peut-être n’aurons-nous pas besoin de faire affaire avec une entreprise externe – c’est du moins ce que nous souhaitons. »

Pour le moment, Sage exploite cette nouvelle entreprise d’économie sociale selon le principe de recouvrement des coûts. « Si nous générons des revenus qui excèdent cette cible, nous les réinvestirons dans d’autres activités de Sage qui ne sont pas entièrement couvertes par des subventions », mentionne Beth.

En raison de la COVID-19, Sage est passés au mode virtuel pour la quasi-totalité de ces activités. 

Se tourner vers l’avenir

Pour les prochaines étapes de son parcours d’investissement, Sage recherchera des formes plus modestes de financement social. « Grâce au financement du PPI, nous nous retrouvons dans la phase initiale du continuum [d’investissement], indique Beth. Nous voyons cela comme une preuve visant à garantir que notre projet fonctionnera. »

Lorsqu’elle réfléchit à ce qui a inspiré Sage à lancer une entreprise d’économie sociale, Beth déclare : « Puisque nous ne sommes plus liés par les attentes du gouvernement, nous avons été en mesure de faire des rationalisations afin que notre fonctionnement soit encore plus efficace pour nos clients et notre organisation. » 

Pour Beth, la pandémie de COVID-19 a renforcé la mission de Sage avec son entreprise d’économie sociale.

« Selon nous, l’âgisme est la dernière forme de discrimination socialement acceptable, et nous avons pu l’observer tout au long de la pandémie. La COVID-19 nous a donné la chance de prendre une pause et de vraiment réfléchir à la façon dont nous pouvons travailler ensemble en tant que secteur, de façon coordonnée, pour nous assurer que les besoins des personnes âgées sont satisfaits. »

Nickie Shobeiry est une écrivaine, animatrice télé et journaliste, qui s’intéresse à l’entrepreneuriat et à l’impact social au Canada et à l’étranger.